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Le blog de Myriam Alamkan

Histoire maritime et patrimoine de la Caraïbe.

Les circonstances de la seconde abolition de l'esclavage à l'Assemblée Nationale

Extrait du procès-verbal de l'Assemblée Nationale française lors de la séance du 22 juin 1848.

Source: L'ami de la la religion, journal ecclésiastique, politique. Pages 847 à 848. Edition de 1848.

 

""M.l'Amiral Casy, ministre de la marine et des colonies. Il m'est parvenu ce matin des nouvelles fâcheuses des Antilles. Je crois devoir en donné connaissance à l'Assemblée pour que l'émotion publique n'agrave pas encore le mal. (Oui!Oui!)

Voici le résumé des dépêches qui me sont venus ce matin de la Martinique et de la Guadeloupe :

Sans attendre l'abolition officielle de l'esclavage, on a proclamé cette grande mesure, cela a été le signal d'une grande agitiation dans la Martinique; cependant l'ordre avait été maintenu jusqu'au 20 mai, mais à cette date des rassemblements se formèrent à Saint-Pierre pour demander l'élargissement des noirs arrêtés par la police. La ville a été envahie par la population noire et livrée au meurtre et au pillage.

La journée et la nuit du 22 mai ont été signalées par des actes déplorables. Une maison occupée par la famille Desabaye et de laquelle un coup de fusil avait été tiré contre les noirs a été incendiée, maîtres, enfants et domestiques, en tout 35 personnes, ont été brûlées. 5Sentations.)

Vingt autres maisons ont été brûlées et de malheureuses victimes ont succombé.

Le lendemain 23, l'autorité municipale de Saint-Pierre pris les mesures nécessaires au maintient de l'ordre et elle a abolition-1848

"Art 1er. L'esclavage est aboli à partir de ce jour à la Martinique.

Le maintient de l'ordre public est confié au bon esprit des anciens et des nouveaux citoyens français. Ils sont en conséquence, invités à prêter main forte à tous les agents de la force publique pour assurer l'exécution des lois.

Saint-Pierre, 23 mai 1848

Le général de brigade ROSTOLAND

L'arrêté était suivit de la proclamation suivante:

 " Citoyens de la Martinique:

La grande mesure d'émancipation que je viens de décrété a détruit les distinctions qui ont existé jusqu'à ce jour entre les diverses parties de la population; il n'y a plus parmi nous de maîtres ni d'esclaves; la Martinique porte aujourd'hui que des citoyens.

J'accorde amnistie pleine et entière pour tous délits politiques consommés dans la période du mouvement que nous avons traversée.

Je recommade à chacun l'oubli du passé.

Je confie le maintien de l'ordre, le respect de la propriété, la réorganisation si nécessaire du travail à tous les bons citoyens; les perturbateurs, s'il en existait, seraient désormais réputés ennemis de la R2publique, et comme tels, traités avec toute la rigeur des lois.

Saint-Pierre, 23 mai 1848

Le général de brigade, gouverneur provisoire ROSTOLAND

M. le gouverneur termine en m'annonçant qu'au départ de sa dépêche la situation était aussi bonne que possible.

Le gouverneur de la Guadeloupe m'écrit qu'à la nouvelle des événements de la Martinique, il a cru devoir ordonner l'abolition immédiate de l'esclavage, qui lui a été demandée par le conseil de la Pointe-à-Pitre; sa lettre se termine ainsi:

Tout est calme autour de moi; j'ai lieu de penser que la tranquilité ne sera troublée nulle part"

J'ai cru devoir porter ces faits immédiatements à la connaissance de l'Assemblée.

M. L'HERBETTE. Je demande la parole.

Un membre à droite. c'est le décret intempestif du gouvernement provisoire qui est cause de tout ce sang répandu.

M. LE PRESIDENT. L'Assemblée entend-elle que la communication qui vient de lui ^tre faite devienne l'objet d'une discussion incidente?

Voix nombreuses. Non! non! 

M. LE PRESIDENT. L'Assemblée donne acte de la communication qui vient d'être faite et reprend son ordre du jour""

 

Commentaires:

 Aux Antilles la proclamation de la seconde abolition de l'esclavage a précédé l'arrivée dans les colonies du décrét national de l'abolition de l'esclavage. Il parvient en Martinique que le 4 juin.

En 1983, la commémoration de l'abolition de l'esclavage devient, dans les deux départements, des jours fériés. Les dates retennues  pour la commémoration de l'abolition de l'esclavage correspond pour la Martinique à l'insurrection du 22 mai et pour la Guadeloupe à la proclamation officielle suite à la demande de la municipalité de Pointe-à-Pitre.

Elle a été commémoré à la même date pour Saint-Martin et Saint-Barthélémy. A Saint-Martin, partie française, la proclamation date du 28. A Saint-Barthélémy, l'abolition date du 9 octobre 1847.

A voir:

http://www.memoirestbarth.com/st-barts/abolition-esclavage/commemoration.html

http://www.lepiratedelareunion.net/Abolition-de-l-esclavage-a-Saint-Martin-un-28-mai_a274.html

(Photo: L'abolition de l'esclavage 27 avril 1848. François-Auguste Birad. Musée national du Château de Versailles.)

 

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