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Le blog de Myriam Alamkan

Histoire maritime et patrimoine de la Caraïbe.

L'origine de la Pointe-à-Pitre

Il y a quelque temps, j’ai discuté avec un de mes lecteurs (oui oui vous pouvez m’envoyez des questions) qui m’a suggéré de vous parler de l’histoire d’un quartier de Pointe-à-Pitre : le Carénage. Mais avant de nous y promener, je me suis dit que la majorité d’entre vous pensent que Pointe-à-Pitre : c’est n’est que le nom d’une ville.

Or la ville que nous connaissons a été tout d’abord nommée : ville du Morne Renfermé. Alors d’où vient le nom Pointe-à-Pitre ? Cette question a été l’une des plus discutée de l’histoire de la ville. Et on trouve divers récits contradictoires dont le plus célèbre raconte que « pitre » serait une déformation du nom d’un pêcheur hollandais, Peter, qui y avait une maison.

Voilà ce qu’indique le guide de Pointe à Pitre, ville d’art et d’histoire (Monum, éditions du patrimoine, 2006) :

« L’origine de Pointe-à-Pitre s’est longtemps cantonnée à une extrapolation linguistique. Il proviendrait de pointe à Peter, du nom du pêcheur hollandais installé au XVIIe s. sur une pointe faisant face à l’îlet à Cochons. Cette explication est aujourd’hui largement remise en cause. La carte de l’ingénieur François Blondel, de 1667, mentionne certes un « morne de Pitre », un « marigot de Pitre » ; sur d’autres cartes figure un « îlet à Pitre » ou une « rivière à Pitre ».

Notre Peter résidait-il à la fois sur un morne, sur un îlet et dans un marigot ? Le mot Pitre serait plus conforme à une toponymie se référant aux caractéristiques naturelles du milieu. La pite (pitera en espagnol) est une sorte de corde tirée d’un agave, le karata (« langue de bœuf »), assimilée au chanvre par les Européens. Cet agave, répartie sur des îlets, des pointes et autour du marigot attire, dès le XXVIe s., les Espagnols dans la baie. Une ville y naîtra deux siècles plus tard. »

Dans le dictionnaire de marine à voiles des capitaines de vaisseau Pâris et de Bonnefoux, réédité en 1999 (édition du Layeur), on trouve encore ce mot pite ou pitte comme étant un cordage fait à partir « d’une pièce d’aloès, et qui comme le bastin, a la propriété de flotter ». Nous pouvons juste dire que le mot pitre semble désigner une réalité pour le monde francophone des Antilles car en plus de la Guadeloupe, on trouve une Anse-à-Pitres commune d’Haïti, ancienne colonie française de Saint-Domingue. Ce serait intéressant que les lecteurs haïtiens nous fassent part de leur explication sur l’origine du mot pitre. On pourrait alors comparer nos expériences, mais pour l’instant retour en Guadeloupe.

Dans le « Petit atlas maritime, recueil des cartes et plan des quatre parties du monde » volume 1 édité par ordre du duc de Choiseul, par S. Belin en 1764, il n’y a pas mention d’une pointe à pitre ni d’une ville portant ce nom. A la place il y a une grande paroisse nommée : paroisse des Grandes et Petites Abimes (sic). Le Fort Louis s’élève sur une pointe presqu’à la frontière avec la paroisse du Gosier, tout à l’est.

Il faut consulter cette deuxième carte pour voir apparaitre le toponyme ilet à Pitre, la ville Pointe-à-Pitre n’apparaît pas mais on voit nettement un bourg qui comprend quelques maisons et une église autour d’un port.

En matière nautique une pointe est : « un sorte de cap, langue de terre ou suite de rochers qui se prolonge vers la mer » (Dictionnaire de la marine à voiles, Pâris et de Bonnefoux). C’est le cas pour l’îlet à Pitre, qui va devenir ainsi « Pointe-à-Pitre », l’originelle.

Cet îlet n’existe plus maintenant mais en face de l’îlet à Cochon, il existe de nos jours une  langue qui marque l’entrée de la passe pour se rendre au port de Pointe-à-Pite derrière le Village Viva. Cette langue de terre est parfois indiquée comme étant « la digue » par référence aux travaux de la Marina qui été construite dans l’ancien étang.

Voici quelques photos anciennes du quartier de Bas du Fort qu'on traverse encore aujourd'hui pour se rendre au Village Viva. 

Les vues modernes ont été faite derrière le Village et depuis la Pointe Fouillole. C'est tout ce qui reste de la Pointe-à-Pitre originelle. Et pour le Carénage rendez-vous à un autre article.

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