La bataille de San Juan de Porto Rico vu par des naturalistes français 1797

Hier soir, il y avait , sur Guadeloupe Première, un reportage sur une expédition naturaliste organisée en Guadeloupe. Conçue pour la connaissance des espèces marines, ces expéditions sont une tradition ancienne. A l'occasion, elles peuvent débouchée sur un récit de voyage. Voici le récit  que nous donne des naturalistes français de l'attaque de Porto Rico par les Anglais en 1797. Elle a été menée par 6 000 hommes dirigé par Sir Ralph Abercromby pour conquérir la colonie espagnole. Paru dans l'ouvrage "Voyage aux îles de Ténériffe, La Trinité, Saint-Thomas, Sainte-Croix et Porto Rico" d'André-Pierre Ledru (pages 122 à 149). Edition Arthus Bertrand, Paris 1810. Une précision complémentaire: l'expédition à laquelle M. Ledru pris par se déroula du 30 septembre 1796 au 7 juin 1798.

San Juan de Porto Rico, capitale de la colonie, est une ville fortifiée comme le montre cette gravure de 1671. Cette partie de la ville est connue actuellement sous le nom de Viejo San Juan ou Old San Juan. 

"Le 17 avril, au matin, on signala une escadre ennemie de 72 voiles, qui entrait au mouillage dans la baie de Cangrexos (1). Aussitôt on battit la générale: les troupes de ligne, composées d'un régiment incomplet, de cinq compagnies de cavalerie, et les dix-huit de milice coloniale furent distribuées  dans les postes essentiels, avec les armes et munitions nécessaires. Le château Saint-Christophe, situé près de la porte de terre, fut confié à don Philippe Ramirès, commandant du génie; celui de Morro à don...., commandant du corps royal d'artillerie; le Saint-Antoine fut remis à don Ignace Mascaro, capitaine du génie, et le Saint-Jérome à don Théomiro Del Toro. On plaça aussi dans les lieux les plus convenables de la rade, dix-huit chaloupes cannnonières, sous les ordres de don Francisco de Castro, capitaine de frégate, et parent du gouverneur.

Cependant, au premier signal du danger, les Français, momentanément fixé à Saint-Jean (2), volèrent sur la place au nombre d'environ 300, précédé du citoyen Paris (3) agent maritime de la république à Porto Rico. Ils demandèrent généreusement, à la garnison, l'honneur de défendre la colonie. le gouverneur accepta, avec reconnaissance, une proposition qui devenait pour lui un gage de victoire; et cette nouvelle répandit un encouragement général parmi le peuple.

Cinquante Français furent aussitôt placé au fort Moro, qui défend l'entrée du port; cinquante autre à celui de la Princesse, en avant la porte de terre; soixante dans les batteries de Sainte-Hélène et de Saint-Augustin qui protègent l'entrée de la rade; cinquante artilleurs, commandé par Baron (4) allèrent renforcer la garnison du Saint-Jérome ; soixante autres furent incorporer dans un détachement de deux cent hommes du régiment fixe, commandé par MM. Viscarrondo, Linarès et Toro qui avaient reçu l'ordre de se porter en avant avec six pièces de canons (savoir  eux à la disposition des Français, et quatre à celle des Espagnols), du côté de Cangrexos, pour s'opposer au débarquement de l'ennemi.

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(1). Golfe situé sur la côte nord de Porto Rico à l'est de Saint-Jean, et communiquant à un vaste lac d'eau salée qu'on trouve à 2 kilomètres de distance dans l'intérieur des terres. cette escadre, commandée par le vice-amiral Harvey était composée de 7 vaisseaux, dont une à trois ponts, de 6 frégates, 2 corvettes, 4 brigantins et 53 bâtiments de transport. Elle portait 5 régiments Anglais, 4 régiments Allemands, 1500 sapeurs et 600 artilleurs, aux ordres du général en chef Albercrombry (note de M Alamkan, toutes les notes suivantes sont de l'auteur du livre).

(2). Les uns étaient des marins au service de la république, ou en activité sur des corsaires particuliers.

(3). Créole de l'île de Saint-Pierre et Miquelon, officier de l'ancienne marine française, qui a commandé avec  distinction  plusieurs corsaires durant la guerre actuelle.

(4). Né à Honfleur, connu, dans le cours de cette guerre, par les prises nombreuses pour qu'il a faites sur les Anglais."

Le récit se poursuit dans le détail sur plusieurs pages, il nous indique aussi que plusieurs autres français se sont distingués. Et cite parmi eux : Lobeau, capitaine de corsaire Le Triomphant, Daubon, capitaine de corsaire l'Espiègle et Hirigoyen, le second de Baron.

Je n'ai pas trouvé la trace du capitaine Lobeau dans mon corpus personnel des corsaires français d'Amérique. Cependant, le capitaine Daubon et le capitaine en second Hirigoyen apparaissent bien. Le capitaine Daubon comme capitaine sur le corsaire La Bayonnaise (armateur: Fitte), Hirigoyen ou Hyrygoyen sur l'Amour de la Patrie. Le citoyen Paris est lui bien présent dans différents documents d'archives de la Guadeloupe.

Quelques mots sur le contexte de cette bataille. La France a déclaré la guerre au roi d'Angleterre et au stathouder des Provinces Unies le 1er Février 1794 puis ouvre un troisième front contre l'Espagne le 7 mars 173 . L'Espagne signa une paix séparée avec la France. Puis, des délégations françaises vont être ouvertes en territoire espagnol dès 1795, l'Espagne était à lors considéré comme neutre à la fin de la guerre notre les Français, le 22 juillet 1795. Elle déclarât la guerre à l'Angleterre le 18 juin 1796.

Les Français sont présents à Porto-Rico bien avant l'entrée officielle en guerre des Espagnols aux côtés des Français. La Guadeloupe y pensionnait un représentant officiel près le gouverneur de Porto-Rico et pour aller plus loin et mieux comprendre leur rôle je vous invite à consulter la revue universitaire Derroteros de la Mar del Sur qui reprend ma communication faite à l'US  Naval History Symposium de 2011: Guadeloupe, Santo Domingo's relationships with colonies allied to France in the caribbean through the exemple of the French privateers.

Voici un lien vers un site institutionel en anglais à propos de l'attaque de 1797 et de ses commémorations:

http://www.nps.gov/saju/historyculture/1797-san-juan-attack-commemoration.htm

Et d'un autre clic vous pouvez effectuer une visite viruelle des fortifications:

http://www.nps.gov/saju/photosmultimedia/index.htm