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Le blog de Myriam Alamkan

Histoire maritime et patrimoine de la Caraïbe.

La Seconde Guerre Mondiale en Guadeloupe: le rôle des caboteurs de Saint-Martin et Saint-Barthélemy

19107787les-salines-jpg-saint-martin.jpgLes guadeloupéens ont été touché par la pénurie alimentaire lors du "Tan Sorin" (administration du gouverneur Sorin 1939-1943). L'essentiel des produits de première nécessité alimentaire n'était pas produit localement: la farine, le riz, les huiles comestibles, les graises, les légumes secs, le savon, le lait condensé et la morue étaient importés. Il a fallu trouver des substituts locaux à de nombreux produits. L'époque du "baye coco pou savon" débutait. Le coco était transformé en savon, localement.  Les pêcheurs locaux fournissaient la demande intérieure en poissons frais. Et pour le poisson salé, bien que ne remplaçant pas la morue, il existait aussi des solutions locales.

 

Les communes des îles du Nord de l'archipel guadeloupéen, Saint-Martin et Saint-Barthélemy vont contribuer à l'effort guadeloupéen pour la recherche de l'autosuffissance alimentaire. Saint-Martin disposait des uniques salines exploitées de l'archipel. En 1940, la production saint-martinoise est estimée à 80.000 barils par an (1 baril valant 115 kg) (1). La colonie pourrait également remettre en production les salines de Saint-Barthélemy, de Saint-François ou de la Désirade mais je n'ai pas trouvé de document attestant d'une réelle volonté. 

 

Un  témoin de ses années nous rapporte plusieurs annectodes sur le sel en Guadeloupe à cette époque. Il nous dit que le gouveneur Sorin avait décidé de réquisitionné le sel de M. Fleming à Saint-Martin et de lui imposé un prix d'achat inférieur à celui demander par Fleming. Ce dernier dès que Sorin avait quitté Saint-Martin, avait entrepris d'entreposer le sel de la partie française à la partie hollandaise de l'île et remettre de l'eau de mer dans les bassins. Inutile de dire qu'au retour du gouverneur Sorin, il n'y avait plus de sel disponible! Une tentative de fabrication de sel par l'usine sucrière de Marquisat fut aussi ordonnée pour être abandonnée rapidement, le sel produit était vert en raison de l'oxydatation des tubes en cuivre de l'usine! Restait aux guadeloupéens à se procurer le sel à partir d'eau de mer bouillie. (1)

 

Avec le sel saint-martinois, les saint-barthélemiens pouvaient continuer à exploiter leur propre circuit de production de poissons salés locaux qu'ils vendaient bien avant le conflit, sur les marchés de Pointe-à-Pitre et de Basse-Terre.  Un rapport signale l'existance d'une usine de conserves de poisson à Sain-Martin (2). 

 

Sur leurs petites îles, les saint-martinois et saint-barthélemiens vont contribuer à rompre l'îsolement commercial de notre archipel en utilisant leur caboteurs. A l'époque navigait encore des voiliers entre la Guadeloupe et les îles du Nord pour le transports des marchandises et quelques fois de personnes. Un ouvrage, nous  dit que :"Les voiliers de Saint-Barthélémy et de Guadeloupe poursuivent leurs voyages entres les Iles du Nord, la Guadeloupe et la Martinique: Bernadette, Inses II, Marie Emile, Maris Stella, Mary, Nina II, Potick ... Ils transportent des cigarettes, des pneus, du sucre, du rhum du sel de l'huile et d'autres produits alimentaires" (3).

 

Le 20 mai 1943, le voilier Inès II, de Saint-Martin, avec un chargement de poisson salé. Si le bateau vient de Saint-Martin, il transporte du poisson salé de Saint-Barthélemy pour le compte des exportateurs R. de Haenen et H. Genin. Malheureusement, le vétérinaire du service d'Agriculture de la colonie a examiné les poissons "de sa propre initiative" (sic). Et il a prononcé la saisie de cinq caisses de poissons sur les seize caisses car imporpre à la consommation.

Or le dr Bougenot et un membre du service des échanges commerciaux et ravitaillement de la Guadeloupe, ont un avis contraire et demande au gouverneur de lever la saisie et de mettre en vente les poissons salés! Heureusement toutes les introductions de poissons salés ne sont pas aussi problèmatique et le  29 mai 1943, la Nina II arrivait de Saint-Barthélemy à Basse-Terre avec quatre caisses de poissons salés consommables sans aucunes restrictions.

L'administration ne nous détaille pas les espèces locales consommées salées (4). Aujourd'hui nous trouvons encore du congre salé vendu dans les salaisonneries locales. La salaison des espèces  locales ne sont faites que de façon artisanale dans les familles de marin-pêcheur sans traçabilité. 

Les guadeloupéens salaient toutes sortes de  poissons  avant la généralisation du réfrigirateur. Vous trouviez en plus du congre également du requin et du cailli salé.

 

 

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Sources:

(1). Enregistrement d'association Trésors du Patrimoine.

(2.) BLANCHE, Lenis. La pêche maritime en Guadeloupe. Décembre . Archives Départmentales de la Guadeloupe, INC 940.

(3). Page 101. Fédération Nationale du Mérite Martitime et de la Médalille d'honneur des marins coordonné par Roger Jaffray. Les transports maritimes aux Antilles et en Guyane Françaises depuis 1930. L'Harmattan, 2009.

(4). Archives Départmentales de la Guadeloupe, INC 135.

 

L'image d'illustration viens du site :http://www.museesaintmartin.com/album/diaporama/2

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