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Le blog de Myriam Alamkan

Histoire maritime et patrimoine de la Caraïbe.

L'infructueuse tentative de conquête espagnole de la Guadeloupe par Juan Ponce de Leon 1515

La célébration du Tricentenaire de la présence française en Guadeloupe est l’occasion pour le gouverneur de la Guadeloupe, Louis Joseph Bouge, d’éditer un ouvrage écrit par J. Rennard : « Documents inédits Tricentenaire des Antilles Guadeloupe 1635-1935 ». Cet ouvrage consultable en ligne grâce à la bibliothèque numérique Manioc, évoque alors deux tentatives de colonisation de la Guadeloupe par les Espagnols dont la première menée par Juan Ponce de Leon en 1514. Que nous apprend le récit de cet échec méconnu de Juan Ponce de Léon ?

Tout d’abord, rappelons-nous que le nom de Juan Ponce de Léon est surtout connu pour avoir été le compagnon de Christophe Colomb durant la seconde campagne américaine, mais également pour avoir été le premier gouverneur de Porto-Rico en 1510,  pour son exploration de la Floride et enfin, il est associé au mythe de la fontaine de jouvence, version Caraïbes. Beaucoup de succès et un échec très humiliant : sa conquête infructueuse de la Guadeloupe

 Portrait de Juan Ponce de Léon issu de Wikipedia commons

Portrait de Juan Ponce de Léon issu de Wikipedia commons

« Les petites Antilles ne furent pas colonisées par les Espagnols tant parce qu’ils n’y trouvèrent pas de mines d’or et d’argent que parce que les indigènes de ces îles étaient farouches, belliqueux, et s’opposèrent de toutes leurs forces à la moindre tentative de conquête.

En 1514, le roi d’Espagne déclare pour ennemis les Indiens de la Guadeloupe et donne commission à Juan Ponce de Leon de marcher contre eux.

Ponce s’engage à les soumettre, à les exterminer s’il le fait. Il part de Séville en 1515, mais il « subit un grave échec de la part des Caraïbes de la Guadeloupe… »

 

« « Quand ils aperçurent les Espagnols encore en pleine mer, les insulaires se cachèrent dans des endroits d’où ils pouvaient surveiller ceux qui débarqueraient.

Ponce avait envoyé des femmes pour laver les chemises et le linge et quelques fantassins pour renouveler les provisions d’eau douce, car depuis l’île de Fer, dans les Canaries, jusqu’à la Guadeloupe, sur une longueur de quatre mille deux cents miles, ils n’avaient aperçu aucune terre. Il n’a pas d’île dans l’océan sur tout cet espace.

« Les Caraïbes les attaquent à l’improviste, s’emparent des femmes et dispersent les hommes. Un petit nombre d’entre eux parvinrent à se sauver tout tremblants. Ponce n’osa pas attaquer les Caraïbes. Il redoutait les flèches empoisonnées dont ces barbares mangeurs d’hommes savent se servir pour frapper d’un coup sûr tous les biens qu’ils visent. Cet excellent Ponce qui s’était vanté, alors qu’il été sous un toit protecteur, d’exterminer les Caraïbes, fut donc obligé d’abandonner ses laveuses et de tourner le dos au insulaires » »

« Humilié de cette défaite, il s’enfuit à Porto-Rico d’où il ne bougea plus jusqu’en 1521. Il voulut alors tenter une nouvelle exploration en Floride où il alla chercher la fameuse rivière qui rajeunit les vieillards ; mais il fut repoussé, blessé grièvement et revint mourir à Cuba. »

Le texte, en italique, est extrait de « De Orbo novo » (Du Nouveau Monde) de Pierre Martyr d’Anghiera page 337/38.

Ce texte semble être la principale source de l’ouvrage édité pour le Tricentenaire. Il faut dire que le récit de Pierre Martyr d’Anghiera (1457-1526) qui a travaillé dans l’entourage directe des rois catholiques Ferdinand et Isabelle d’Espagne, est d’une grande qualité. Pierre Martyr a bénéficié de son accès privilégier aux sources originales et à certains témoins de l’époque de « découverte » puis de la conquête de l’Amérique.

Pourquoi revenir sur cet événement à l’occasion du Tricentenaire ? Certainement pour mettre en relief le succès de la conquête française de 1635. Mais les Caraïbes de 1515 ne sont plus ceux de 1635. A en croire le récit du père Labat, l’expédition française de fut accueillis, non par des flèches, mais par des présents. Cette une attitude amicale qui ne dura pas longtemps, bientôt les affrontements opposeront les Caraïbes aux colons français

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D
Ces faits semblent à propos de peuples lointains, mais il ne faut pas oublier que beaucoup de Guadeloupéens descendent de ces fiers guerriers...
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